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Rencontre avec Leïla Porcher L’une des réalisatrices du film Je n’ai plus peur de la nuit

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Le film est le portrait de deux jeunes femmes kurdes en formation de combattante au Kurdistan Irakien.

Maxime Moriceau : Comment s’est passée ta rencontre avec le Kurdistan ?
Leïla Porcher : j’ai fait des études d’anthropologie et j’ai été amenée à travailler avec des personnes iraniennes exilées au kurdistan. Ces longues périodes m’ont permis de nouer des amitiés proches. Puis j’ai du faire un stage et des amis de la télévision clandestine du Komala m’ont proposé de me signer une convention. Ça m’a permis de me retrouver avec des gens qui pensaient pas mal l’image et le cinéma. A l’époque, le documentaire me faisait déjà envie donc je suis partie faire une formation documentaire à la fac d’Aix-Marseille. Et puis j’ai rencontré Sarah juste après. Elle faisait des recherches avec des femmes du PKK, le parti politique Kurde de Turquie et elle avait entendu parlé de mon master.

M.M : Comment avez vous travaillé à 4 mains ?
L.P : On a tout travaillé à deux. Je connaissais bien l’endroit et Sarah l’a découvert pendant les repérages. On a eu un processus d’écriture à deux de bout en bout. Pour le tournage, elle faisait le son et moi l’image et on a gardé ce binôme tout du long. Il y a eu deux périodes de tournage : l’une de 4 mois et l’autre, 2 ans plus tard, d’un mois, mais dont on a gardé finalement que la scène du générique. On a vraiment construit le film qu’avec les images prises lors du premier tournage. A ce moment là on tournait et on regardait nos images le soir même. On prenait pas mal de temps pour écrire au tournage surtout sur la narration pour bien construire nos scènes et nos personnages.

M.M : Et comment s’est déroulé le montage ?
L.P : Le montage a été fait pendant 10 semaines avec la monteuse Jeanne Oberson. On aurait bien voulu plus mais bon ça n’était pas possible. On était assez raccord avec Sarah au montage. On avait deux productrices et il y a eu un moment un peu crucial où il a fallu retirer l’un de nos personnages principales à l’écriture. C’était très douloureux pour nous. J’avais déjà monté les films d’autres personnes et il était clair qu’il nous fallait une personne extérieure pour nous apporter du recul. Jeanne avait beaucoup d’expérience et ça nous a été très utile pour notre premier film à toutes les deux.

M.M : Quelle a été la vie du film ?
L.P : On a un peu eu la pire fenêtre de sortie. Le film a été beaucoup sélectionné en festival, une sortie ciné était prévue mais ça a été annulé. Ça fera deux ans en mars et il y a d’autres films qui ont été produits depuis donc je pense qu’on a vraiment raté notre fenêtre de diffusion. La diffusion avec nos personnages est toujours prévue mais tout dépend de la situation sanitaire et de la situation politique instable au Kurdistan.

M.M : Des projets à venir ?
L.P : J’aimerais beaucoup me relancer dans la réalisation. Je comptais beaucoup sur les rencontres liées aux projections du film mais qui n’ont pas vraiment eu lieu. J’écris un peu seule dans mon coin pour l’instant même si j’ai toujours envie de réaliser à plusieurs. J’ai quelques idées sur lesquelles je commence à écrire. J’ai prévu de retourner au Kurdistan en janvier, ce qui sera l’occasion de parler de nouveaux projets avec les personnes concernées, notamment un projet autour de l’adolescence. J’ai aussi envi de travailler sur des problématiques comme la justice ici en France, avec des histoires proche de mon vécu et de ma culture.