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Un café avec Céline Dréan Réalisatrice du film Tous nos vœux de bonheur

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La réalisatrice Céline Dréan répond à cette question de l’enfance : comment nos parents se sont-ils rencontrés ? Actuellement en tournée dans toute la Bretagne, elle présente une histoire à la fois intime et universelle, familiale et romanesque, une histoire d’amour.

Maxime Moriceau : Nous sommes à la mi-novembre, combien de séances as-tu accompagné jusqu’ici ?

Céline Dréan : Sur dix ou onze séances qui ont déjà eu lieu, je les ai toutes accompagnées sauf une qui a été présentée par le producteur, Jean-François Le Corre (Vivement Lundi ! ndlr). Trois séances seront prises en charge par Sabine Jaffrenou, productrice-exécutive et Julien Bossé, le chef opérateur du film.

M.M : Ça fait beaucoup 21 dates à accompagner en un mois ?

C.D : C’est mobilisant mais c’est génial ! C’est bien quand on peut avoir un peu de relai avec l’équipe et même pour eux, c’est génial de rencontrer le public surtout quand c’est dans des lieux aussi charmants que l’île d’Arz !

M.M : Justement, y a-t-il eu des moments qui t’ont marquée ?

C.D : La première sur l’île de Sein, c’était quelque chose ! On devait amener tout le matériel de projection sur l’île. La traversée en bateau, alors que c’est la tempête, ça a un côté épique. Je faisais une seule séance mais ça a pris trois jours, parce qu’il faut partir la veille et qu’on revient le jour d’après parce qu’il n’y a qu’une seul traversée par jour. Moi j’arrivais de Rennes donc j’ai trouvé ça super de commencer sur l’île de Sein. Ça fait comme un départ en voyage.

M.M : As-tu déjà d’autres tournées régionales pour un de tes précédents films ?

C.D : J’ai fait une tournée avec Le Veilleur en 2010. Je me souviens que je vadrouillais en petite voiture de location dans toute la Bretagne au mois de novembre. Il y avait moins de date, une douzaine je crois et c’était pas les mêmes lieux aussi. C’est chouette parce que je découvre plein de lieux dont j’avais entendu parler. Même si j’habite à Rennes depuis 25 ans, je découvre encore plein d’endroits. Mais les tournées, c’est vraiment particulier parce que ça te prend tout ton mois. Tu n’es pas disponible pour tes amis. Le peu de fois où je suis à Rennes, je retrouve mes enfants donc c’est vraiment une parenthèse. Mais ce qui est agréable particulièrement cette année, c’est de retrouver ce plaisir de la rencontre avec le public. Là, je suis en train de me remplir de bonnes ondes. Tous les soirs c’est des super rencontres et ça rappelle pourquoi on fait des films : créer du lien, échanger, partager. Tous ça nous a beaucoup manqué.

M.M : Après l’annulation du Mois du Doc 2020, qu’est ce qui a changé dans la vie de ton film ?

C.D : Comme je l’ai terminé fin 2019, il devait commencer sa vie début 2020 et puis tout s’est arrêté. Il a fait partie de la grande armée de films qui ont été, pour certains oubliés, et pour d’autres abîmés. J’ai vraiment eu de la chance qu’il y ait le Mois du Doc 2021 et que ça sauve le film. Après, j’avais quand même eu une avant première et une diffusion télé sur France 3 Bretagne mais c’est pas la même chose parce qu’on ne rencontre pas les gens. A ce moment, je me disais que ce n’était pas dramatique si le film n’avait pas de vie aussi par rapport au spectacle vivant qui a beaucoup souffert de la crise. Mais c’était triste quand même et là, le fait d’être en tournée, je vis des moments vraiment joyeux.

M.M : Y-a-t-il une spécificité des tournées Mois du Doc ?

C.D : La vie d’un film, ça peut être quelques festivals ou une tournée pour accompagner des sorties au cinéma si c’est prévu mais tu n’as pas l’intensité de ces tournées. Ça me l’avait déjà fait lors de ma première participation au Mois du Doc, la discussion avec le public te permet d’élaborer ta pensée, ton discours autour du film. Tu termines quelque chose. Les questions te font prendre conscience de liens auxquels tu n’avais pas pensé. C’est impressionnant, tu es presque encore dans la matière de ton travail. Après, arrive un moment où tes mots n’ont plus la même vivacité. Même si c’est jamais pareil, il y a des thématiques qui reviennent inévitablement tous les soirs donc forcément, à la fin, l’œil brille un peu moins. Mais ce moment d’élaboration d’une pensée collective est passionnant.

M.M : Tes parents ont-ils participé à quelques séances ?

C.D : Ils sont venus à des séances qui avaient lieu dans des endroits où ils avaient des amis très proches. J’ai vu mon père y dire des choses qui sont encore une évolution par rapport à ce qu’il a pu dire dans le film qui était déjà une évolution de ce qu’il disait avant. Donc il y a une vie de l’expérience et de la parole qui continue à travers ces diffusions. C’est vraiment précieux parce que ça veut dire que si ces moments n’ont pas lieu, et bien tout ça n’existe pas.