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Un café avec Valéry Du Peloux Producteur du film L’Époque

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Le film de Matthieu Bareyre, sélectionné dans toute la France pour le Mois du film documentaire, a fait sa première costarmoricaine mardi dernier au Théâtre de l’Arche de Tréguier. Les lycéen·nes de l’établissement Joseph Savina étaient venu·es nombreux·ses pour voir ou revoir ce film documentaire qui, des mots du réalisateur, a été réalisé avec les jeunes et pour les jeunes. Valéry du Peloux était présent pour échanger avec le public de Tréguier ce soir-là.

Maxime Moriceau : Quel a été ton sentiment lors de cette première soirée ?

Valéry du Peloux : Excellente ! Une superbe ambiance, des rires, des silences profonds, l’énergie propre du film semble être passé, ce qui fait très plaisir. Ça m’a fait penser à deux autres projections du film. La première au Forum des Images à Paris, pour le festival "un état du monde et du cinéma", une soirée en présence de certains personnages du film, donc très chaude ! La seconde à sa première diffusion au festival Premiers Plans d’Angers. Quand tu es devant une salle pleine, composée d’au moins un tiers de jeunes, t’as un flow qui s’installe, tu sens l’électricité qui traverse la salle. J’ai remarqué que dans le débat qui s’est installé entre les jeunes revenait la question : est-ce que c’est nous ou pas dans ce film ? S’agît-il d’une jeunesse parisienne ou est-ce que ça parle de notre jeunesse à nous aussi ? Il y a des sentiments communs je trouve, l’impuissance, la sensation qu’on ne peut pas changer le cours des choses, l’isolement, le fait d’être peu nombreux et éloigné de tout. Ce sont aussi des choses qu’on peut entendre à Paris.

Maxime : Comment as-tu rencontré le réalisateur ?

Valéry du Peloux : Autour d’une pizza aux fruits de mer dans un petit festival, on avait sympathisé. Il était en production de son premier film Nocturnes. Le courant passait bien entre nous, on a même été coloc pendant 3 mois. C’est aussi ça le rôle du producteur que de connaître quelqu’un pour savoir s’il possède les qualités pour aller au bout de son projet. J’ai vu sa puissance de travail, je connaissais sa valeur intellectuelle et c’est pour ça que j’ai accepté de prendre des risques et de produire L’Époque. Mon pari était de voir si c’était un grand metteur en scène. Je crois que oui !

Maxime : En tant que producteur, quels sont les risques de produire un long métrage documentaire tourné pendant 3 ans ?

Valéry du Peloux : Ce film a beaucoup divisé les financeurs. Partout où il a été présenté, les gens ont débattu entre "c’est génial !" et "c’est pas du tout ce qu’il faut faire !". Résultat, on a eu une aide à l’écriture de la région Centre, une aide au développement de la région Nouvelle Aquitaine (dont Matthieu est originaire) et une aide à la diversité du CNC et le soutien d’un distributeur qui ont représenté un tiers du financement du film. Les co-producteurs ont apporté un deuxième tiers en matériel. Le risque qu’on a pris aux Artisans du Film, c’est de prendre du cash dans nos fonds propres pour boucler le film. On est une SCOP (société coopérative) et tous les sociétaires ont suivi : je leur ai pas trop laissé le choix, j’étais trop à fond dans ce projet. Vas-t-on récupérer ces fonds sur les ventes du film ? Nous ne le saurons que dans quelques temps, voire années. Mais on ne regrette quoi qu’il en soit rien du tout, c’est une immense fierté d’avoir permis ce film.

Maxime : Le film est sorti en avril dernier sur les écrans, Matthieu et toi avez accompagné beaucoup de séances. Quelle va être la vie du film après le mois du doc ?

Valéry du Peloux : Toute cette période correspond pour moi à la continuité d’un travail entamé il y a 5 ans. Depuis l’écriture du film, son tournage, son montage, sa post-production, sa diffusion et ses tournées, ça fait partie du même processus. Quand Matthieu saisit ce qui est saillant dans la parole des jeunes, ça fait écho à plein de sujets qu’on entend dans la société. Il y a encore pas mal de groupes, de publics, de militants qui sont passé à côté du film. Il y a aussi beaucoup de spectateurs qui sont fan du film et et qui demandent à organiser des projections dans leurs villes ou villages. Donc j’ai bon espoir qu’il continue à vivre encore après même s’il a été sous-exploité. Il y aura bientôt le DVD, la VOD, les chaines, et encore après les plateformes. A chacun son tour, mais pour le moment, c’est toujours devant des grands écrans, en groupe, du cinéma !

Valéry sera présent au Cap de Plérin ce soir dès 18h. Après quoi, ce sera au tour de Matthieu Bareyre d’entamer une tournée bretonne d’une semaine qui le mènera de Questembert à Vannes puis Saint Malo, Bain de Bretagne, Bédée, Pleine Fougères, ainsi qu’une séance scolaire à Dinan pour terminer par Quimper et Penmarc’h. Retrouvez le détail de ces séances sur le site moisdudoc.com