Intervenant cinéma pour Ty Films depuis plusieurs années, Yves Mimaut prépare et assure certains échanges après les séances, lorsque les auteur·rices ne peuvent être présent·es. Hier soir à St Cast le Guildo, il a pu discuter avec les spectatrices et spectateurs venus découvrir le film de Samuel Poisson Quinton, cette semaine en tournée costarmoricaine.
Maxime Moriceau : Qu’est ce qui fait l’originalité de ce film par rapport aux autres documentaires de la sélection ?
Yves Mimaut : Sa première particularité c’est d’être un film auto-produit dans lequel le réalisateur filme seul. Il s’offre ainsi une grande liberté dans la composition de ses images notamment par l’utilisation ponctuelle d’une loupe. Ensuite et même si c’est le cas dans d’autres films de la sélection, il choisit d’apparaître à l’image et de se mettre en scène. La question de sa place a toujours été présente dans son travail mais dans ce cas précis, il y a aussi une volonté de partager les risques avec Francine, son personnage. Le film raconte donc à la fois l’histoire de Francine mais aussi celle de leur rencontre naissante.
M.M : Qu’est-ce qui fonctionne dans l’alchimie entre ces deux personnages ?
Y.M : Les deux habitent sur l’île de Groix et se sont rencontrés alors que Samuel tournait un journal vidéo à la rencontre d’habitants qu’il interrogeait sur leur travail. Un jour, Francine a demandé à Samuel d’écrire son histoire mais lui a décidé d’en faire un film. Il a voulu raconter son histoire avec une certaine légèreté tout en abordant un parcours de vie assez dur malgré tout. Le film est aussi un hommage au caractère de Francine, joyeuse, colérique, très vivante et très créative. Le fait qu’il mette en avant son travail artistique lui permet aussi de ne pas tomber dans un côté voyeur et de ne pas faire de Francine un simple objet de curiosité. Il y a une véritable confiance entre eux-deux et une forme de complémentarité entre la panne d’inspiration de Samuel et la créativité débordante de Francine.
M.M : Et sais-tu si la réalisation de ce film a pu "guérir" en quelque sorte la panne d’inspiration de l’auteur ?
Y.M : Le film est déjà en soi un geste créatif et je sais que, même s’il n’a pas voulu m’en révéler le sujet, Samuel est déjà reparti sur un nouveau projet de film qu’il souhaite écrire et faire produire. La Vie totale a sans doute apporté une forme de légitimité à son travail. Sur ses projets précédents, Samuel n’a pas toujours ressenti la légitimité pour passer par des circuits "classiques" de production ce qui donne aussi un caractère très personnel à ses films.
M.M : On suivra avec attention ses prochaines réalisations. En attendant, Samuel accompagne son film en Bretagne jusqu’à la fin du mois de novembre. Toutes les séances sont à retrouver sur notre programme.