Un café avec Zoé Chantre

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A l’occasion de la tournée bretonne de son film Le Poireau perpétuel, nous avons rencontré Zoé Chantre qui s’est présentée ainsi :

Zoé Chantre : Je suis plasticienne et cinéaste. En tant que plasticienne, je crée des objets et des vidéos pour le théâtre ou je conçois des évènements participatifs au sein de résidences artistiques. Je suis aussi scénographe, un peu couteau suisse. J’ai débuté la réalisation car j’ai fait un premier film en 2011 qui s’appelle Tiens moi droite, c’est un journal filmé sur l’histoire de ma colonne vertébrale et de ma tête. Dix ans plus tard, j’ai eu la volonté ou plutôt le besoin de le continuer et c’est comme ça que Le Poireau perpétuel s’est mis à pousser.

Maxime Moriceau : Est ce que ces deux métiers sont connectés dans ta pratique ?

Z.C : Tout s’entrecroise dans la notion de bricolage. Aussi bien au théâtre qu’au cinéma, je m’amuse toujours à bricoler telle une enfant qui joue sous la table en inventant de nouveaux jeux. Je me plais à dire que je fais un cinéma bricolé, autant que les objets que je conçois pour le théâtre. Ce qui me plaît c’est de penser quelque chose et de pouvoir le réaliser tout de suite, de façon spontanée, comme un croquis jeté sur le papier, sans forcément passer par la grosse machinerie.

M.M : Ton dernier film t’a pris plusieurs années, comment s’est déroulée sa fabrication ?

Z.C : Au départ, j’ai voulu écrire une fiction sur l’envie ou pas d’avoir des enfants mais le journal filmé m’a rattrapé. Le plaisir de filmer seule avec une petite caméra et un micro, sans contrainte, avec comme seul motif raconter ce qu’il m’arrivait. C’était devenu plus fort que mon désir de fiction. Petit à petit, il s’est dessiné que Le Poireau perpétuel serait comme une suite à Tiens moi droite mais qui pourrait aussi se voir seul, indépendamment. L’écriture s’est faite en même temps que le tournage et le montage. Ça se chevauchait alors que normalement ces sont des étapes qui se suivent. Ça s’est fait petit à petit sur 5 ans jusqu’au moment où je me suis dit qu’il fallait que je passe à autre chose. Comme je prends le temps de faire mes films, naturellement, en 5 ans, mes envies changent, évoluent. Je crois qu’au bout de 4 ans à travailler mon sujet, j’avais envie de raconter autre chose. Il y avait plein d’histoires dans mon film et il a fallu que je réduise pour être plus simple. C’est quand je suis arrivée à cette simplicité que le film s’est dessiné. La fin a été difficile à trouver parce qu’elle interagit avec ma vie et que celle-ci n’est pas finie. Alors, j’ai provoqué d’une certaine façon cette fin pour qu’il y en ait une.

M.M : Quels sont les avantages et les inconvénients de faire un film toute seule ?

Z.C : L’avantage c’est la liberté. On ne dépend de personne. Comme je travaille à côté, j’ai une liberté financière donc de ce côté là, je n’ai pas de contraintes. Ça a une énorme importance parce qu’on le fait vraiment par plaisir de créer, de dire quelque chose. Le film ne dépend que de ma volonté. C’est un sacré appuie dans la vie mais le revers, c’est qu’on se sent seule et très vite, j’ai eu besoin d’un œil extérieur car je me perdais complètement dans ma multitude d’idées. Ça m’a permis de resserrer ce que j’avais envie de dire. C’est aussi quelqu’un qui m’a permis de tenir bon dans mon sujet pendant 5 ans. Quelqu’un qui m’a réconforté parce que, parfois, seule, c’est compliqué de se dire : c’est bien ce que je fais.

M.M : Le journal se poursuivra-t-il ?

Z.C : Oui, il y aura une suite au poireau parce que quand on commence un journal filmé, c’est difficile de s’arrêter. J’ai aussi la volonté de faire un film à quatre mains avec Alexandra Pianelli. On réfléchit à ça en prenant le temps.

Venez rencontrer la réalisatrice et découvrir son film les 7 et 8 novembre à Paimpol et Lanvallay.